La Vierge de la Mosson a retrouvé sa couronne


Publié le 28/09/2021

Installée à l’entrée du parc Sophie Desmarets, cette statue presque grandeur nature accueillait l’usager qui se rendait à la mairie annexe de la Mosson, l’habitant venu se divertir aux aires de jeux, le visiteur qui souhaitait profiter de la fraîcheur des boisements et de la rivière.

Mais depuis de nombreuses années, la Vierge avait perdu son chef et l’enfant Jésus quelques doigts.

Montpellier 3M / Christophe Ruiz et Ateliers FK / François Kivig

Une récente restauration

Le chantier a récemment été confié aux Ateliers FK, artisan d’art montpelliérain.
Dans un premier temps, la couronne manquante a été sculptée en bois de noyer, puis reproduite en cire. Fondue à cire perdue, la couronne a ensuite été soudée sur la tête de la Vierge. Les doigts de l’enfant Jésus ont également été restitués.
Pour finir, la fonte a été traitée contre l’oxydation puis patinée pour la protéger.

Montpellier 3M / Christophe Ruiz et Ateliers FK / François Kivig.

L’Allemagne, Rome, la Meuse… jusqu’à Montpellier

Au XIXe siècle, l’Église de France se soucie de raviver la foi des fidèles, réparer les sacrilèges de la période révolutionnaire et reconquérir l’espace public : calvaires, croix de mission et statues se multiplient sur les places, carrefours et jardins.
Cette image d’une Vierge couronnée présentant tendrement son enfant s’inspire d’une œuvre du peintre Friedrich Overbeck (1789-1869). Originaire d’une famille allemande protestante, Overbeck rejette les courants académiques de son temps pour prendre modèle sur les primitifs italiens. Installé à Rome, converti au catholicisme, il fonde avec d’autres peintres religieux et patriotes allemands le mouvement nazaréen, développant un art qui se veut noble et transcendant, accessible au plus grand nombre. Proche du pape, l’influence d’Overbeck est immense sur la peinture d’église de la seconde moitié du XIXe siècle.

La Vierge d’Overbeck se diffuse ainsi en France à partir de 1853 et apparaît au catalogue de plusieurs fabricants de statuaire de série de la fin du XIXe siècle. Comme nous le confirme l’inscription visible sur le socle, la statue montpelliéraine a pour sa part été fondue par Louis Gasne de la fonderie Tusey dans la Meuse. Nous la retrouvons dans le catalogue de la fonderie de 1892, document qui a servi de référence tout au long du chantier de restauration.

Montpellier 3M / Christophe Ruiz et Ateliers FK / François Kivig

Et pour les plus curieux : pourquoi la Vierge porte-t-elle une couronne ?

En effet, jamais dans la Bible Marie ne porte de couronne. Seule mention, le livre de l’Apocalypse évoque une femme avec « sur la tête une couronne de douze étoiles ». L’épisode du Couronnement de la Vierge est toutefois évoqué dans les textes apocryphes. L’image de la Vierge couronnée, très populaire au Moyen Âge, décline à partir du XVIe siècle, récusée par les protestants et passée de mode chez les catholiques. Elle revient au goût du jour au XIXe siècle, la dévotion à la Vierge connaissant une vigueur nouvelle, renforcée à la suite de la promulgation du dogme de l’Immaculée Conception et des apparitions de Lourdes, respectivement en 1854 et 1858.
Aujourd’hui la statue, qui a retrouvé son intégrité et sa couleur d’origine, accueille de nouveau l’usager, l’habitant, le visiteur, à l’entrée du parc Sophie Desmarets.

Montpellier 3M / Christophe Ruiz et Ateliers FK / François Kivig

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