Les muses du grand foyer de l'Opéra se refont une beauté


Publié le 09/06/2021

La mission Patrimoines et l’Opéra ont mis à profit ce printemps confiné : depuis début mars, les toiles du grand foyer de l’Opéra ont retrouvé leur éclat et leur luminosité.

Les travaux touchent à leur fin

Le chantier, confié à la restauratrice Anne Rigaud, remet en valeur cet ensemble de huit peintures et favorise sa bonne conservation. Les œuvres ont été nettoyées, tout en respectant les couches picturales. Les soulèvements de matière ont été refixés à l’aide d’une solution adaptée et réversible. Les petites lacunes ont été réintégrées de façon illusionniste avec de l’aquarelle et/ou des pigments finement broyés liés au vernis. Les cadres ont également été nettoyés, et leurs moulures ont été redorées à la feuille de cuivre après neutralisation de la bronzine.

Ainsi, les muses qui disparaissaient dans le contre-jour des fenêtres vont de nouveau pouvoir inspirer les chanceux spectateurs, artistes et autres visiteurs.

Ce beau projet, soutenu par une souscription de la Fondation du Patrimoine, s’inscrit dans la continuité de la récente protection de l’Opéra Comédie au titre des monuments historiques (7 septembre 2020), et s’intègre dans la dynamique plus large d’embellissement de la place Comédie.

Pour les plus curieux

Le projet du théâtre actuel, inauguré en 1888, est confié à l’architecte Cassien-Bernard, élève de Charles Garnier. Cet important chantier donne l’occasion de reconfigurer le quartier : deux larges voies marquent désormais la perspective de la future place de la Comédie. Un soin tout particulier est apporté au décor intérieur du grand foyer : ce lieu de sociabilité, situé au premier étage et donnant sur le nouveau cœur de la vie montpelliéraine, est fréquenté avant les représentations et pendant les entractes.

Son plafond est peint par Ernest Michel, considéré à l’époque comme l’artiste le plus éminent de la ville. Par ailleurs, huit toiles marouflées sont prévues pour orner les panneaux entre les baies et les arcades. Elles sont réalisées dans les années 1890 par plusieurs artistes montpelliérains, pour la plupart anciens élèves d’Alexandre Cabanel à l’École des beaux-arts de Paris : Paul Estève, Auguste Privat, Max Leenhardt, Alexandre Courtines et Antonin Chatinière, chacun restant fidèle à son style et sa facture propres.

L’art des arts

L’iconographie assure la cohérence de l’ensemble, en se concentrant de façon assez traditionnelle sur les différents arts, tels qu’inspirés par les personnages mythologiques des muses. Si les titres inscrits en lettres dorées sur les frontons guident le spectateur, les figures se reconnaissent également à leurs attributs.

La Musique joue d’une flûte double, son compagnon d’une lyre. La Tragédie accompagne sa déclamation d’un geste dramatique. Le Chant, couronné et guidé par sa partition, s’élève au-dessus des notes d’un luth. L’Histoire met par écrit les hauts faits humains célébrés par une trompette de la renommée. La Comédie sourit au spectateur, tenant d’une main un masque de théâtre et de l’autre une houlette de berger. La Poésie, pensive, prête rouleau (et inspiration) au poète, déjà la plume à la main. La Danse célèbre le corps par sa nudité et sa posture dynamique, entraînée par le rythme du tambourin. Enfin, cette poésie nommée La Pastorale se penche amoureusement vers un berger flûtiste, dans un univers champêtre.

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