(Re)découvrir Soulages, un partenariat entre le musée Fabre et le musée Soulages à Rodez


Publié le 23/06/2014

A moins de 2 heures de route du musée Soulages, qui a ouvert ses portes le 30 mai dernier à Rodez, le musée Fabre de Montpellier Agglomération abrite un écrin pour les oeuvres de l’artiste contemporain Pierre Soulages. Inaugurées en 2007, avec la réouverture du musée Fabre après un immense chantier de rénovation réalisé par Montpellier Agglomération, les salles Soulages, au coeur du parcours consacré à l’art moderne et contemporain, recèlent un ensemble unique constitué grâce aux dons et legs de l’artiste qui entretient avec le musée une longue relation d’amitié.

Signature d'une convention de partenariat entre les musées Fabre et Soulages

Complémentaires dans la découverte de l’oeuvre de Pierre Soulages, le musée Fabre et le musée Soulages s’associent au travers d’un partenariat pour inviter leurs publics respectifs à se rendre dans l’autre musée. La convention de partenariat signée le 23 juin 2014 entre Montpellier Agglomération et la Communauté d’Agglomération du Grand Rodez propose un tarif privilégié aux visiteurs de ces deux sites : pour une entrée à plein tarif dans l’un des deux musées, l’entrée du second musée est à tarif réduit.
Possédant le fonds d’oeuvres de Pierre Soulages le plus important dans une collection publique jusqu’à l’ouverture du nouveau musée, le musée Fabre de Montpellier Agglomération a participé à l’exposition inaugurale du musée Soulages à Rodez, consacrée aux Outrenoirs, avec le prêt de quatre tableaux issus de ses collections. À cette occasion, le musée Fabre de Montpellier Agglomération présente un accrochage donnant un nouvel éclairage aux salles Soulages : deux prêts consentis par l’artiste et une acquisition récente de grandes dimensions et présentant un volume sculptural, réalisée par la Fondation d’entreprise du musée.

Pierre Soulages au musée Fabre de Montpellier Agglomération : des salles d’exception pour un fonds rare

Le lien entre Pierre Soulages et le musée Fabre remonte aux origines de l’oeuvre du peintre. Venu à Montpellier pour la première fois en 1941, l’artiste, natif de Rodez, s’inscrit à l’école des Beaux-arts de la ville et fréquente assidûment le musée. Il reviendra régulièrement visiter le musée, partageant sa vie entre Paris et Sète. A partir de 1977, l’oeuvre de Soulages entre au musée Fabre avec le dépôt de la toile 15 août 1956, déposée par le musée National d’Art Moderne, accompagné en 1996 par Peinture, 162 x 130 cm, 17 janvier 1980, déposée par le Fonds Régional d’Art Contemporain, puis en 1998, par deux toiles acquises par la Ville de Montpellier pour le musée Fabre, Peinture 324 x 181 cm, 22 décembre 1996 et Peinture 324 x 181 cm, 30 décembre 1996.

En 2000, le lancement de la restructuration du musée Fabre par Montpellier Agglomération marque un tournant et donne un coup d’accélérateur au projet. Pierre Soulages, membre du jury du concours international d’architecture, est associé à la conception du musée. En 2004, Montpellier Agglomération décide d’aménager un espace supplémentaire dédié à l’oeuvre de Pierre Soulages dans le parcours des collections permanentes du musée Fabre. Une décision qui rencontre l’enthousiasme du peintre et débouche en 2005 sur le don de 20 toiles, le prêt de 11 toiles, assorti du dépôt permanent d’un ensemble significatif d’autres oeuvres.
Ce projet exceptionnel dans le paysage muséal français est dévoilé au public le 3 février 2007, lors de la réouverture du musée Fabre de Montpellier Agglomération. 600 m² de surface d’exposition sont dédiés à ce qui représentait le plus important fonds d’oeuvres de Pierre Soulages dans une collection publique et a fait du musée Fabre le lieu où l’oeuvre du peintre était la plus visible et la plus représentée avant l’ouverture du musée Soulages. Les deux espaces consacrés à l’artiste couvrent une période allant de 1951 à nos jours. Ils constituent le point d’orgue des collections du XXe siècle dans la nouvelle aile ajoutée au musée à l’occasion de sa rénovation.

Ré-accrochage des salles Soulages et dévoilement d’une acquisition récente

A l’occasion du ré-accrochage des salles Soulages, le musée Fabre de Montpellier Agglomération présente un tableau encore jamais dévoilé, acquis par la Fondation d’entreprise du musée Fabre en 2013. Ce don de la Fondation est un polyptique créé en 2012 : Peinture 181 x 405 cm, acrylique sur toile. En 2004, la technique de Pierre Soulages évolue progressivement vers cette technique. L’utilisation de l’acrylique et de médiums nouveaux permettent à l’artiste de créer une spectaculaire épaisseur exacerbant l’aspect sculptural, imposant et magistral de cette oeuvre.
Ce don s’accompagne de deux prêts consentis par l’artiste (Peinture 202 x 143 cm, 14 septembre 2004 et Peinture 324 x 181 cm, 31 juillet 2010) permettant de donner un nouveau regard sur l’accrochage des salles
Soulages.
Les oeuvres déjà exposées ont bénéficié d’une minutieuse campagne de dépoussiérage pour redonner toute leur luminosité à ces tableaux, grâce à une technique innovante permettant de réduire l’aspect électrostatique de la couche picturale.

2014, le musée Soulages à Rodez

Photo Cédric Meravilles

Construit par les architectes catalans RCR, le musée Soulages abrite la plus importante collection publique au monde du peintre, né à Rodez le 24 décembre 1919. Pierre Soulages grandit dans un quartier d’artisans,
rue Combarel, et s’attache dès lors à la mémoire de la main, à l’utilisation des outils. Il en créera pour peindre. C’est dans l’abbatiale de Conques qu’il aura sa vocation de peintre. Adolescent, jeune adulte, il va
réaliser des fouilles archéologiques. Pour lui, la fresque romane et les peintures des grottes préhistoriques sont plus pertinentes que les enseignements des écoles de beaux-arts.
En 1976, Pierre Soulages reçoit à Rodez le prestigieux prix Rembrandt : des conservateurs de musées américains et européens font le voyage en Aveyron pour le lui remettre, à l’occasion d’une exposition dans la chapelle royale. C’est en 1987 que commence l’aventure des vitraux de Conques : les cent quatre verrières seront inaugurées en 1994.
En 2005, puis en 2012, Colette et Pierre Soulages ont consenti deux donations majeures : des peintures sur toile au nombre de 35, des peintures sur papier (120), dont les précieux brous de noix de l’après-guerre, l’ensemble des estampes (eaux-fortes, lithographies, sérigraphies, près de 150 pièces), les 3 bronzes, les travaux préparatoires des vitraux de Conques (cartons à taille réelle et échantillons de verre), des documents, des livres... Les peintures sur papier dont la sélection s’étend de 1946 au début des années 2000 sont un point fort de la collection. Le musée s’étend sur près de 6 000 m2, dont 2 300 m2 consacrés aux oeuvres : résolument contemporain, le bâtiment est composé de parallélépipèdes bardés d’acier Corten, comme une rouille aux teintes changeantes, accordée aux saisons d’un jardin public, face aux monts de l’Aubrac. Le musée Soulages est une succession de grands volumes obscurcis ou éclairés par la lumière du nord selon que l’on y présente des peintures ou des papiers. Il a été inauguré par le Président de la République le 30 mai 2014 en présence de l’artiste. A cette occasion le peintre a consenti des dépôts majeurs : Peinture 300 x 236 cm, 16 février 1964, déclinant verticalement trois états de noir et de brun, Peinture 202 x 327 cm, 17 janvier 1970, une écriture calligraphique dilatée sur un fond blanc immaculé…

Les salles du parcours muséographiques ont les suivantes : les premières oeuvres/ les années d’avant, les brous de noix, le cabinet des estampes, les peintures sur papier, les peintures sur toile, l’Outrenoir, les vitraux de Conques. Le musée dispose d’une bibliothèque-centre de documentation dédié à Soulages. Le café Bras propose une gastronomie inventive dans ses locaux même.
Les collections du musée couvrent la totalité de l’oeuvre de Soulages : après l’évocation de la jeunesse du peintre et quelques paysages aveyronnais, le visiteur découvre la production abstraite du peintre de 1946 à nos jours. La particularité du musée est de présenter cet ensemble de peintures, de gravures, de cartons, mais surtout de montrer le lien existant entre les oeuvres et la technique inventée par Soulages affirmant « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ». Ceci est particulièrement étudié pour les eauxfortes aux contours primitifs, sculpturales, et pour les travaux de Conques pour lesquels Soulages recherche et trouve un verre unique. Au musée Soulages, on expérimente l’inattendu. On échappe à l’exercice monographique. On découvre et on apprend.

Labellisée d’intérêt national, l’exposition Outrenoir en Europe. Musées et fondations présente du 31 mai au 5 octobre 2014, un rassemblement d’oeuvres de 1979 à 2012. 22 peintures qui documentent l’histoire de
l’Outrenoir, taille, matières, effets, pigments.

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