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Vivete Felici

Ce programme présente des pièces à voix seule et des extraits d'opéras de Claudio Monteverdi et de compositeurs italiens de la première moitié du XVII° siècle tels que Pietro Antonio Cesti, Sigismondo d'India, Jacopo Peri, Francesco Lucio ou Giulio Caccini. Sur le plan musical, cette période, riche en évènements politiques et culturels majeurs, donne lieu à la naissance de l'opéra et de la monodie, nouveau style théorisé par Monteverdi sous la forme de ce qu'on appellera la « seconda pratica ». Les compositeurs Caccini et d'India, en suivant et en développant cette voie, seront les chefs de lance de ce qui se révélera être un tournant révolutionnaire pour toute la musique européenne. Ils parviendront à rassembler une large gamme d'effets différents et contrastés, au moyen d'un développement extrêmement riche des procédés techniques (sur le plan vocal et de l'écriture musicale) et de nouveaux ornements très raffinés, tout en s'appuyant également sur un savant choix des textes poétiques.

Il peut paraître choquant aujourd'hui de mêler dans un même programme la musique de chambre et des extraits d'opéra, cependant on sait maintenant qu'il était courant au XVIIe siècle de chanter des extraits d'opéra dans les cercles privés, comme ce fut le cas du Lamento d'Arianna de Monteverdi.

De plus, nous constatons que de nombreuses oeuvres de musique de chambre présentées dans ce programme possèdent une force théâtrale dignes d'une mise en scène. En effet, en ce début de XVII° siècle, la musique italienne s'engage sur des voies et esthétiques nouvelles, ce qu'illustrent parfaitement les trois derniers livres de madrigaux de Monteverdi (la pièce Se i languidi miei sguardi est tirée du VII° livre), où l'expression des sentiments, d' «affetti » est d'un merveilleux effet dramatique.

Il est à souligner que la pièce de Sigismondo d'India (Piangono al pianger mio) est particulière par le fait qu'elle est entièrement construite sur une basse contrainte, La Romanesca, qu'il était de coutume d'utiliser pour la mise en musique des textes épiques. Ici associé à l'expression d'une plainte, cette liberté prise par le compositeur illustre bien l'état d'esprit de cette époque où l'on ose briser les conventions stylistiques habituelles afin de trouver de nouvelles formes d'expression lyrique plus frappantes. Dans toutes ces pièces la musique et la parole sont véritablement fondues en un pur « stille rappresentativo », chaque mot du texte étant vigoureusement mis en valeur par les musiciens.

Giulio Caccini (15511618)
O che felice giorno, Le Nuove Musiche, Florence, 1614

Claudio Monteverdi (15671643)
Ego flos campi, motet

Girolamo Kapsberger (15801651)
Preludio primo, Libro Quarto d'Intavolatura di Chitarone, Rome, 1640 Giulio Caccini

Giulio Caccini
Amarilli mia bella, Le Nuove Musiche, Florence, 1601

Girolamo Kapsberger
Preludio quinto, Libro Quarto d'Intavolatura di Chitarone, Rome, 1640

Claudio Monteverdi
Se i languidi miei sguardi, Madrigali a 1, 2, 3, 4 et 6 voci, con altri generi di canti, Livre 7, Venise, 1619.

Marco Antonio Cesti (16231669)
Com'è dolce il vezzegiar, air de Gelone, extrait de l'opéra Orontea, 1649

Alessandro Piccinini (15661638)
Corrente prima, Intavolatura di liuto, Libro Primo, Bologna 1623

Sigismondo d'India (c.1582 – c.1629)
Piangono al pianger mio, Le Musiche da Cantar Solo, Milan, 1609 (texte : Ottavio Rinuccini)

Girolamo Frescobaldi (15831643)
Cosi mi dissprezzate, Arie Musicali, Primo libro, 1630

Alessandro Piccinini
Toccata IV, Intavolatura di liuto, Libro Primo, Bologna 1623

Jacopo Peri (15611633)
Torna deh torna, Le Varie Musiche, Florence, 1609

Claudio Monteverdi (15671643)
E pure io torno, air d'Ottone, extrait de l'opéra L'Incoronazione di Poppea, 1643