Grand angle : morceaux d'histoires en mairie

Montferrier-sur-Lez : le château du Marquis à travers l’histoire

Haut-lieu historique du territoire, cet édifice du XVIIe siècle a connu une histoire mouvementée, avant d'accueillir la mairie du village. Découverte.

Le château de Montferrier-sur-LezCopie de Franky Gaillard d'après l’œuvre de commande du Marquis de Montferrier

Perché sur un piton volcanique qui domine la vallée du Lez, Montferrier a été, depuis les temps les plus reculés, un lieu privilégié pour la surveillance. Sur les traces de l'oppidum romain s'est édifié au Xe siècle un château féodal, malheureusement détruit en 1629 lorsque, après la grâce d'Alais, Richelieu ordonna le démantèlement des places fortes. Il se présentait comme une importante forteresse avec donjon, fortifications et pont levis dont aujourd'hui seules subsistent les caves voûtées.

Ce n'est que vers le milieu du XVIIe siècle que le château commença à retrouver sa prospérité. Antoine du Vidal, seigneur de Montferrier, entreprit sa reconstruction. La forteresse étant devenue inutile, le seul but recherché fut la beauté et l'agrément. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, il ne cessa d'être amélioré et devint l'une des plus belles résidences de la province du Languedoc. Une grande quantité d'oeuvres d'art ornait le château, de magnifiques jardins descendaient en terrasses jusqu'au Lez ornés d'escaliers, aboutissant à une magnifique fontaine. Le château était fréquemment le théâtre de fêtes et de réceptions.

Au début de la Révolution, les esprits n'étaient pas encore trop échauffés à Montferrier, mais dans la nuit du 22 au 23 mai 1791, le village subit l'assaut de « bandes » venues d'ailleurs qui entreprirent de détruire les jardins du château et la fontaine. Les rampes d'escalier furent brisées, les vases et les statues mutilés. Le Marquis de Montferrier très aimé des habitants, pût, grâce à eux, rester caché quelques temps dans les caves du château mais, fin septembre 1791, il dut quitter Montferrier, sa retraite ayant été découverte.

Dès lors, le château ne cessa d'être dégradé. Son nouveau propriétaire s'empressa de revendre ce qu'il put, les lames de plomb de la couverture en terrasses, les balustres... Le château prenait l'eau, et l'étage supérieur se dégrada. Celui-ci tomba entre les mains de la commune vers 1850 qui y installa le presbytère, la mairie, ainsi qu'une salle d'école.
Le château est actuellement inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, la salle du conseil, anciennement salle de bal du château, présente de magnifiques gypseries.

MURVIEL-LÈS-MONTPELLIER : La belle au bonnet phrygien

En 1877, les bustes de Marianne remplacent ceux de Napoléon III dans les mairies, les écoles... Toutes les officines publiques se trouvent alors détentrices d'une République personnifiée. Gros plan sur la Marianne de Murviel-lès-Montpellier.

La Marianne de Murviel-lès-Montpellier

Les Mariannes naquirent à l'époque de MacMahon, Gambetta, Félix Faure, Sadi Carnot, Jules Ferry et même Émile Zola, acteurs majeurs de l'histoire de la IIIe République. Celle de Murviel-lès-Montpellier fut réalisée en 1876 par le sculpteur Pierre Taillefer (1818-1897), auteur également en 1878 de la célèbre Marianne de Marseillan dans l'Hérault, répertoriée comme la première statue de la République dressée en France sur une place publique, et dont le visage n'est autre que celui de celle de Murviel-lès-Montpellier.

Cette Marianne murvielloise est une « Marianne Anniversaire ». Elle dispose d'un cartouche arborant la date du 25 Février 1875 qui correspond au vote de la loi décidant de l'organisation des « pouvoirs publics ».
En 1885, la passion politique s'exprime à Murviel-lès-Montpellier à travers des gestes hautement symboliques. Les républicains, voulant narguer les catholiques royalistes, promènent cette Marianne en procession en faisant halte aux endroits où l'on érige traditionnellement les reposoirs pour la Fête Dieu et danseront autour.

Entièrement brisée en 1999, elle sera restaurée et retrouvera son état d'origine. Le village de Lavérune dispose d'une sœur jumelle identique, ayant elle aussi souffert avec le temps. Le même restaurateur lui apporta, à elle aussi, tout son lustre d'antan.

Texte élaboré avec le concours de Jean-François Aubert, restaurateur murviellois.