Montpellier Métropole en Commun : traduction occitan

Le temps des Cabanes et du petit train
Publié de 1892 à 1933, le journal Campana de Magalouna offre une chronique pittoresque de la vie locale. Dans son numéro daté du 1er août 1892, François Dezeuze (1871-1949, dit l’Escoutaïre) évoque l’attraction des plages, des bains de mer et du célèbre petit train de Palavas.
« La plage le dimanche sur les coups des quatre heures, vaut le coup d’être vue : un peintre en ferait son affaire, tout comme ceux qui y vont juste pour se distraire et s’amuser »
Nous n’avions pas eu une mauvaise idée de choisir, pour se régaler, ce faubourg de Montpellier qui s’appelle les Cabanes et qui est en train de devenir une des plus belles plages de notre Mer Latine. Si un jour ils décidaient de consolider les dunes du bord de mer en y plantant des pins, des tamaris et des mûriers, qui ne craignent rien, Palavas serait un merveilleux lieu pour se baigner. Il n’y manque rien : il y a tout, théâtre, cafés, hôtels, bals, tout, à part des arbres. Allons ! Messieurs de l’administration, faîtes-nous un peu d’ombre. Vous ne devez rien négliger de ce qui peut embellir notre pays.
Le chemin de fer de Palavas
J’oubliais de vous parler du petit train de Palavas, et ce serait dommage car on n’a jamais vu un chemin de fer comme celui-ci. L’après-midi quand vous voulez rentrer au Clapàs, à la gare, ils vous parquent comme des moutons dans une claie, serrés comme des anchois ! Jusqu’au moment où ils ouvriront la porte et que le troupeau se jettera dans les wagons. C’est encore mieux rive droite : le train s’arrête, tout et plein et même si vous avez votre billet aller-retour, il vous faut soit monter à califourchon sur la machine ou coucher aux Cabanes…
Des ventres comme des tonneaux
Je ne sais pas comment seront les Cabanes quand il y aura des arbres, mais pour le moment, la plage le dimanche, sur les coups des quatre heures, vaut la peine d’être vue : un peintre en ferait son affaire, tout comme ceux qui y vont juste pour se distraire et s’amuser. Ce déshabillage général en plein air ne manque de pas de piquant ; les anglais pourraient crier : « Shocking ! » Personne d’ici n’y prête attention, à part quelques balourds qui restent plantés comme des piquets. Des vieux qui ont des ventres comme des tonneaux vont à l’eau avec des cotillons de leur femme, des femmes y vont toutes culottées. On dit que pour les vendanges, tous les paniers sont bons !
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Le temps des Cabanes et du petit train
Publié de 1892 à 1933, le journal Campana de Magalouna offre une chronique pittoresque de la vie locale. Dans son numéro daté du 1er août 1892, François Dezeuze (1871-1949, dit l’Escoutaïre) évoque l’attraction des plages, des bains de mer et du célèbre petit train de Palavas.
« La plage le dimanche sur les coups des quatre heures, vaut le coup d’être vue : un peintre en ferait son affaire, tout comme ceux qui y vont juste pour se distraire et s’amuser »
Nous n’avions pas eu une mauvaise idée de choisir, pour se régaler, ce faubourg de Montpellier qui s’appelle les Cabanes et qui est en train de devenir une des plus belles plages de notre Mer Latine. Si un jour ils décidaient de consolider les dunes du bord de mer en y plantant des pins, des tamaris et des mûriers, qui ne craignent rien, Palavas serait un merveilleux lieu pour se baigner. Il n’y manque rien : il y a tout, théâtre, cafés, hôtels, bals, tout, à part des arbres. Allons ! Messieurs de l’administration, faîtes-nous un peu d’ombre. Vous ne devez rien négliger de ce qui peut embellir notre pays.
Le chemin de fer de Palavas
J’oubliais de vous parler du petit train de Palavas, et ce serait dommage car on n’a jamais vu un chemin de fer comme celui-ci. L’après-midi quand vous voulez rentrer au Clapàs, à la gare, ils vous parquent comme des moutons dans une claie, serrés comme des anchois ! Jusqu’au moment où ils ouvriront la porte et que le troupeau se jettera dans les wagons. C’est encore mieux rive droite : le train s’arrête, tout et plein et même si vous avez votre billet aller-retour, il vous faut soit monter à califourchon sur la machine ou coucher aux Cabanes…
Des ventres comme des tonneaux
Je ne sais pas comment seront les Cabanes quand il y aura des arbres, mais pour le moment, la plage le dimanche, sur les coups des quatre heures, vaut la peine d’être vue : un peintre en ferait son affaire, tout comme ceux qui y vont juste pour se distraire et s’amuser. Ce déshabillage général en plein air ne manque de pas de piquant ; les anglais pourraient crier : « Shocking ! » Personne d’ici n’y prête attention, à part quelques balourds qui restent plantés comme des piquets. Des vieux qui ont des ventres comme des tonneaux vont à l’eau avec des cotillons de leur femme, des femmes y vont toutes culottées. On dit que pour les vendanges, tous les paniers sont bons !
La résonance des musiques médiévales
Le Centre International de Musiques Médiévales – Du ciel aux marges (CIMM) de Montpellier propose Les Marteaux de Gellone, la sixième édition de son prestigieux festival annuel, du 19 au 28 mai à Saint-Guilhem-le-Désert.
Les musiques médiévales relèvent d’une altérité sensible. Les palettes musicales qu’elles nous offrent viennent d’un autre temps, d’un autre monde, d’un autre “art“. Gisèle Clément
Depuis six ans, le CIMM - Centre international de musiques médiévales – Du ciel aux marges s’installe du 19 au 28 mai à Saint-Guilhem-le-Désert pour proposer son festival Les Marteaux de Gellone. Le CIMM est un organisme unique alliant création, recherche et formation. Installé en région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, il déploie des actions à Montpellier, dans la métropole, à Saint-Guilhem-le-Désert et à l’abbaye de Fontfroide, toujours en lien avec l’Université Paul-Valéry Montpellier 3. Cette structure offre l’accès, tout au long de l’année, à des conférences, des colloques, des stages ou des concerts, dans le but de penser, préserver et vivre les musiques médiévales, magnifique patrimoine immatériel.
« Ce festival est la partie visible pour le grand public de la démarche de notre centre, explique Gisèle Clément, enseignante-chercheuse à l’université Paul-Valéry – Montpellier 3, fondatrice et directrice du CIMM. Depuis 2007, je développe avec les musiciens, les instrumentistes, les chanteurs, les luthiers, les anthropologues, les ethnomusicologues, les historiens, les étudiants et le public en général, un travail de valorisation de la recherche et de transfert des savoirs orienté vers le spectacle vivant ». Au programme du festival, des journées d’étude, un atelier et un salon d’archéo-lutherie, des concerts avec cette année, l’ensemble Les Chantres de Thoronet, La Compagnie Orion, Into the Wind, Françoise Atlan et Brice Duisit, Nirmala Dey, Duobois.
Le 21 mai, la langue occitane sera représentée avec le spectacle, Al Cantara. Sans oublier le colloque sur les hautbois médiévaux et traditionnels prévu du 25 au 27 mai animé par des musiciens, luthiers et chercheurs. Les musiques anciennes, plus que jamais vivantes vont résonner en mai dans le ciel de Saint-Guilhem, douze jours de réminiscence médiévale et instrumentale.
12 ANS DE RENCONTRES OCCITANES
Depuis 12 ans, les "Rencontres occitanes Sauramps", permises grâce à l’engagement financier de l’équipe ReSO (Recherches sur les Suds et les Orients) de l’université Paul-Valéry, rassemblent des dizaines d’auteurs qui dialoguent avec un public divers autour de livres en rapport avec la culture occitane (littérature, langue, société…).
Parmi ces dernières rencontres thématiques, celle de janvier, nommer les gens et les lieux en pays d’oc a permis de présenter 3 ouvrages :
- le Dictionnaire des noms de famille en Pays d’Oc d’André Lagarde (Letras d’òc, 2022),
- le Dictionnaire familier de l’Occitanie (Cairn, 2022), coordonné par Catherine Bernie-Boissard,
- Passejadas toponimicas de Paul Fabre (Letras d’òc, 2022).
L’occasion de rendre hommage à ce dernier, ancien professeur de l’Université, spécialiste d’onomastique, récemment décédé, avec des lectures de ses promenades savantes et facétieuses à travers le pays d’oc. Étymologies des noms de lieux populaires ou savantes, le livre l’explique à travers de nombreux exemples et plaide pour une connaissance de la langue seule à même de lire le pays avec intelligence.
Lors de cette soirée, Christian Lagarde présenta, quant à lui, le livre de son père, œuvre de toute une vie de curiosité sur l’origine des noms de famille, « d’ostal » – de maison – comme on dit en occitan. Grâce au Dictionnaire familier, le public a pu se faire une idée originale de notre région à travers personnages, événements et lieux qui en font la richesse et la diversité.
Les prochaines rencontres, sur l’histoire et la littérature, se feront au site Saint-Charles (salle 006 – Panathénées) de l’université Paul Valéry, rue du Pr Henri Serre (station de tram Albert 1er).
Après un rendez-vous sur les Nouvelles occitanes le 23 février, la rencontre du 23 mars sera consacrée à Jean Ganhaire et sa critique, en présence de l’auteur et de Fabienne Garnerin, auteure d’une étude récente. Le 20 avril, Pierre-Louis Berthaud et Robert Martí, deux occitanistes dans le siècle, seront mis à l’honneur.
Un traducteur automatique en occitan
Le Congrès permanent de la langue occitane vient de lancer Revirada, le premier outil de traduction automatique en occitan, accessible en ligne et en téléchargement sur toutes les plateformes d’application.
« J’ai tapé ma lettre aux parents sur Word, que j’ai ensuite copiée-collée sur Revirada. C’est instantané. » Dolorès, secrétaire à la Calandreta dau Chivalet n’a eu aucun problème pour utiliser le traducteur en ligne. Le logiciel est performant. Il contient un million de mots occitans et couvre 1 600 règles lexicales. Un sérieux qui a séduit le Congrès permanent de la langue occitane, initiateur de ce projet. « Cet outil répond à un besoin de la communauté linguistique et aux objectifs de notre organisme dont la mission est de stabiliser la langue occitane », explique Benoît Dazéas, son directeur. Il va de pair avec le dicod'Òc, notre dictionnaire français-occitan en ligne ».
Une des particularités de Revirada est de prendre en compte la diversité des parlers, qu’ils soient gascons ou languedociens. Dans le sens français-occitan, les efforts ont porté sur la production d’une langue moderne et cohérente. Au-delà de la transcription automatique de textes (sur le modèle de ce que propose déjà Google traduction), il propose également des services innovants comme la traduction instantanée de documents Word et Pdf (avec conservation de la mise en page), mais aussi de sites web ou celle du texte d’une photo prise grâce à l’application mobile.
Quatre ans ont été nécessaires pour élaborer ce traducteur. Ces travaux ont d’ailleurs fait l’objet d’un financement inédit par les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, à travers l’Office public de la langue occitane, mais également du département des Pyrénées-Atlantiques et de l’Union européenne.
Exergue
Revirada, c’est aussi sur son smartphone, à télécharger sur Google Play ou Apple Store.
L’élan poétique d’Adeline Yzac
L’autrice Adeline Yzac publie aux éditions Reclams, Pas pour rien, un singulier et étonnant recueil de poésies, dans lequel se tressent le français et l’occitan… Quand la langue interroge la langue.
Exergue : « Le poème voudrait atteindrentoucher au point où le mot fait défaut »
Délicat, en couverture une œuvre de la plasticienne Patricia Stheeman, ainsi s’offre tout en finesse le nouveau recueil de poésies que publie l’autrice Adeline Yzac aux éditions Reclams. Pas pour rien rassemble trente courts poèmes - français et occitan enchâssés - qui questionnent notre alliance avec la langue. « Enfant, j’entendais parler le français et l’occitan, je me suis construite avec ces deux langues et à la croisée de cet insolite tressage », confie Adeline Yzac, née à Simeyrols, à une enjambée de Lascaux. Elle laisse les mots surgir de son palais, littéralement en occitan « le ciel de la bouche », les attrape au vol et nous les insuffle furtivement à un rythme percutant. « Il y a cet élan et voici que le poème parait : moqueur, chagrin, vigoureux, bavard, pointilleux… Par pour rien, c’est aussi, de rien, de quelque chose, il y a une raison… Comment une langue fait percussion sur le corps, parfois violemment, parfois délicatement. La langue agit comme si je n’y étais pas », explique l’autrice : « J’ai des chasseurs le goût du braconnage et de l’affût ; des cultivateurs, le geste de retourner la langue ; des écrivains, la joie de l’étude assidue ». Adeline Yzac a publié une cinquantaine d’œuvres, dont En corps et en corps (2019, éditions Musimot), De quelle couleur sera le bébé (2021, Alice éditions) ou Fille perdue (2021, La Manufacture de Livres), roman sur les mutilations faites aux femmes au XIXe siècle en Europe et dont l’intrigue commence à Montpellier. Adeline reçoit lors de chantiers d’écriture, en individuel, « un à un », les personnes qui souhaitent travailler leurs écrits et ouvre de loin en loin son jardin de lecture à des auteurs à l’articulation de la littérature et de la psychanalyse. Prochain jardin de lecture, le 14 janvier à 16h, avec Dominique Berthon.